Sommeil, fatigue et lâcher prise
Un texte d' Andréane Loubier, accompagnante à la naissance
Le sujet de l’heure quand on devient parent : le sommeil.
Le nôtre. Celui de bébé.
Nous espérons ne pas être «cette maman fatiguée» qu’on voit partout.
Nous croisons les doigts pour que ça soit différent pour nous, pour que NOTRE bébé soit celui qui surprend tout le monde en dormant magnifiquement bien, super rapidement.
Dès le début de la grossesse, tout le monde nous le rappelle : nous serons fatigués.
Et bien oui. Les parents, surtout les nouveaux, sont fatigués. Pour la plupart d’entre nous, ça vient avec ce rôle. Et ce n’est pas rare d’entendre cette phrase de la bouche d’une maman : «Dire qu’avant d’avoir des enfants, je chialais que j’étais fatiguée! Hahaha!!"
On se rend compte que, malgré nos perceptions, il est impossible de mourir de fatigue, car l’espèce humaine serait éteinte depuis fort longtemps!
Parfait. Maintenant que ceci est dit, que peut-on faire pour vivre cette période avec plus de douceur? Y aurait-il des trucs pour accueillir différemment cette intensité?
La première chose qui me vient en tête, c’est d’arrêter de combattre cette sensation.
Arrêter de «vouloir ne pas être fatiguée». Pour le moment, c’est comme ça. Point. C’est un fait. Si la pensée s’arrête aussi nettement et qu’elle n’est pas accompagnée d’un discours lourd et négatif, la fatigue devient un FAIT. Nous avons le droit de trouver ça difficile, mais voici une de mes phrases préférées, que je répète régulièrement : «Ce n’est pas parce que difficile que c’est négatif!». Ce sont nos pensées qui transforme le difficile en négatif : «je n’y arriverai jamais, c’est ben trop dur, mon bébé s’est encore réveillé 8 fois la nuit dernière, je vais être tellement fatiguée aujourd’hui, ça va être l’enfer…». Ressentez-vous la lourdeur qui vient de s’ajouter?
La seconde idée qui monte en moi en est une que je partage régulièrement. Le sommeil n’est pas le seul moyen d’avoir de l’énergie! Quoi d’autre est possible? Comment pouvons-nous créer de l’énergie? En prenant une bonne douche chaude? En choisissant des vêtements dans lesquels on est confortable ET dans lesquels on se trouve jolie? En demandant à quelqu’un de venir nous accompagner pour la journée? En sortant prendre une petite marche en respectant notre rythme? En lisant un roman divertissant? En méditant? En faisant du yoga avec bébé? En allant faire une activité dans un organisme communautaire familial? En parlant (avec les bonnes personnes) de notre réalité actuelle? Les possibilités sont infinies et c’est surprenant à quel point faire des choix différents peut complètement changer la dynamique d’une journée!
Le troisième point que je souhaite vous partager est un fait vécu par...
moi-même et qui m’a appris trois grandes leçons!
Mon premier garçon a dormi des nuits entières, de 19h à 7h, à partir de l’âge de 3 mois. Wow! Je me pensais tellement bonne avec le sommeil des bébés! Nous avons partagé notre chambre avec lui pendant quelques semaines seulement et hop! Simple de même.
Mon deuxième garçon a eu besoin d’un peu plus de temps pour dormir de longues heures d’affilées. Nous avons partagé notre lit quelques semaines, chose que je ne pensais jamais faire de ma vie, puis notre chambre pendant plusieurs mois. C’est vers 8-9 mois que nous avons pu commencer à qualifier ses nuits de «bonnes». Ma bulle de «je suis tellement incroyable» s’est dégonflée un peu (!) et j’ai rapidement intégré une première leçon importante: le sommeil de mes enfants n’avaient RIEN à voir avec mes compétences de maman!
Puis, est arrivé mon troisième garçon. Ce petit monsieur a partagé notre lit de longs mois, collé sur maman, en sécurité (physique et affective), sans quoi…adios le sommeil de tout le monde! Les défis occasionnés par l’apnée obstructive sévère du sommeil m’ont amenée à revoir le plan que j’avais naïvement imaginé (soit : ça se passera comme avec son frère) et m’ont forcée à me recentrer, malgré la fatigue extrême, sur ma priorité : répondre aux GRANDS besoins de sécurité et de proximité de mon bébé.
Voulez-vous mon truc au passage?
Je me suis imaginée comment il pouvait se sentir, la nuit, avec les nombreuses apnées qu’il vivait. Je me suis imaginée comment il pouvait se sentir aussi lorsqu’il était collé contre moi et qu’il me sentait tout près. Et soudain, mon cœur s’est gonflé d’amour et d’empathie et la deuxième leçon est devenue claire: oublie tout le reste et suis ton intuition.
J’ai arrêté d’écouter tout le monde et je me suis écoutée MOI. J’ai fait ce que je jugeais être le mieux pour lui ET pour moi, à ce moment précis de notre vie.
Résultat : on a dormi. Ce qui m’a amenée à la troisième grande leçon apprise grâce au manque de sommeil: LE LÂCHER PRISE. Tellement libérateur! D’ailleurs, c’est probablement LA plus grande leçon de la vie de parents, mais ça, c’est un autre sujet que j’aborderai peut-être avec vous un jour!
Andréane Loubier, accompagnante à la naissance
